Pour varier les activités de compréhension orale et pour intégrer les TIC, j’avais prévu un travail dans le laboratoire informatique. Il s’agissait de visionner un document vidéo des archives de Radio Canada et de répondre aux questions de compréhension que j’avais préparées. Chaque étudiant avait un ordinateur et des écouteurs à sa disposition. J’avais distribué au préalable une feuille avec les consignes à suivre, la durée de l'activité était limitée à 1h30.

Dans l’idée de faire un lien avec l’actualité du moment,(commémoration de la tuerie de Polytechnique), j’avais choisi de leur faire visionner le document d’archive de l’événement. Auparavant, j’avais posé la question à la classe «est-ce que tout le monde sait se servir d’un ordinateur ?» Personne ne m’a signalé ne pas en être capable. J’ai donc préparé une feuille de consignes sur laquelle j’ai indiqué la marche à suivre pour ouvrir le document choisi et faire l’écoute, pour ensuite répondre aux questions de compréhension que j'avais préparées. En fait, dès le début de l'activité, j'ai dû aller d'un élève à un autre pour aider, car plusieurs n'arrivaient pas à se servir de l'ordinateur. J'ai vite réalisé que j'aurais dû activer les connaissances antérieures, vérifier leur niveau, leur compétence dans ce domaine, ce qui m'aurait permis de voir cette lacune et de mieux préparer cette activité.

Alors que certains étaient très à l’aise avec l’ordinateur et ont pu faire l’activité sans difficulté, d’autres ont eu besoin d’aide dès le début (connection à internet, cliquer sur le lien, etc.) Quelques uns, gênés de montrer leur ignorance dans ce domaine, demandaient discrètement à leur voisin (celui-ci devait donc s’interrompre dans son activité) D’autres m’appelaient toutes les 3 minutes pour que je les aide à poursuivre. Ceux qui étaient à l’aise avec l’ordinateur ont terminé avant tout le monde et certains d’entre eux ont commencé à naviguer (lire leurs courriels, etc.), bref, je perdais le contrôle et réalisais que j'avais créé de l'insécurité chez certains et fait perdre leur temps à d'autres. J'ai improvisé un visionnement groupé pour 2 à 3 élèves, afin qu'ils puissent terminer l'activité et j'ai demandé aux élèves qui avaient fini de s'assoir à côté de ceux qui avaient besoin d'aide pour les guider.

Cette expérience m’a permis de prendre conscience de l’importante de faire de la différenciation, d'activer les connaissances antérieures et de prévoir dans la préparation des activités de difficulté et de durée variées. J’ai vu également l’importance d’être capable de s’ajuster aussitôt dans le déroulement de l’action. Penser aussi à répartir les forces et les faiblesses en équilibrant les équipes. J'ai compris qu'il ne faut pas toujours poser des questions directes sur la compétence à faire quelque chose, mais plutôt amener subtilement l'élève à démontrer ses habiletés ou au contraire son manque d'habiletés; ainsi, il est possible de détecter les besoins et d'adapter la situation en préparant quelques activités préparatoires.

IL faut garder à l’esprit l’aspect socioaffectif dans l’élaboration d’une activité. Penser à ménager les sensibilités. Les élèves ne vont pas spontanément reconnaître qu’ils ne savent pas faire certaines choses (ici, se servir d’un ordinateur). Il est important de faire un portrait de classe qui permet de tenir compte de toutes ces différences et de prévoir des variantes aux activités qui vont apporter des solutions discrètes et efficaces. En faisant une activité qui permet de mesurer certaines aptitudes, il est possible de déterminer le degré de difficulté que l'on peut exiger. Il est important de prévoir les difficultés que les élèves peuvent éprouver, afin de respecter les différences, de choisir un objectif réaliste. Par la suite, pour une activité similaire, il serait intéressant de tavailler en équipe avec un collègue enseignant en informatique, en proposant un projet interdisciplinaire.