Je trouve particulièrement important que les élèves utilisent les technologies comme outil de recherche, de production et de motivation en classe de français langue seconde, même s’il n’y a pas de laboratoire informatique dans l’école ou d’ordinateur à la disposition des élèves dans ma classe. J’essaie aussi d’identifier des sujets de recherche qui les touchent particulièrement et qui les aident à prendre conscience des enjeux, pour les amener à bien se documenter avant d’émettre une opinion ou de prendre position. J’ai donc planifié une tâche permettant aux élèves de rédiger un photoroman sur la thématique sociale du racisme. En équipe de 3, les élèves devaient rechercher des informations pertinentes au sujet d’études, dont deux articles publiés sur Internet. Ils devaient ensuite écrire un texte informatif portant sur les enjeux à l’aide de ces informations en s’assurant de réutiliser dans leur texte les mots de vocabulaire en lien avec la thématique. Finalement, à partir de ce texte, ils devaient créer, à l’aide du programme Movie Maker, un photoroman dans lequel ils devaient exposer une situation problématique.

En proposant de créer un photoroman sur le thème du racisme, mon intention était que les élèves prennent conscience de ce problème non seulement dans la société en général mais aussi et particulièrement dans leur entourage. Je leur ai demandé de faire quelques recherches sur Internet, mais aussi de faire des observations autour d’eux pour identifier et relever des situations problématiques concernant le racisme.

J’ai laissé les élèves chercher eux-mêmes les informations sans imposer de sites Internet particuliers. Je leur ai conseillé tout de même de chercher des articles en français, pour les amener à lire en français. Je me suis rendu compte que les élèves étaient très motivés parce qu’ils étaient libres de choisir leur article. De plus, j’ai remarqué qu’ils utilisaient des textes plus difficiles comparativement aux textes que j’aurais normalement choisis et utilisés avec eux. Même si les élèves sont faibles en français, ils ont réussi, en utilisant le dictionnaire, à décoder les articles et à comprendre suffisamment les textes pour pouvoir réutiliser les nouveaux mots de vocabulaire dans leur production écrite du texte informatif et du photoroman. Ils ont réussi, lors de cette tâche, à écrire une production de plus de 200 mots.

Le sérieux avec lequel les élèves ont travaillé à leur production écrite en français a été remarquable. Ils sont aussi restés sur le sujet et ils ont pu identifier les enjeux liés au racisme. Ils ont mis beaucoup d’efforts dans la réalisation et la présentation de leur photoroman. J’ai été surprise de constater le niveau élevé de réussite, dans leur production orale comme dans leur photoroman, parce que, selon moi, cette tâche était assez difficile à réaliser. En plus, lorsqu’ils ont fini la tâche, les élèves étaient capables de parler, par expérience, de ce qu’ils ont fait et appris au cours de la tâche. C’est pour moi une indication qu’il y a eu apprentissage du contenu et de la langue.

J’ai découvert que cette tâche m’a permis d’évaluer la production orale des élèves de façon moins formelle qu’un examen d’oral l’aurait fait, ce qui a diminué grandement le stress des élèves. Les élèves se sont exprimés librement et de façon spontanée sur le sujet. De plus, cette tâche était très intéressante et motivante pour les élèves ce qui a diminué les problèmes de discipline et, de ce fait, il y a eu plus de temps d’enseignement. Parce qu’ils faisaient du travail sérieux en groupe, cela m’a permis de faire plus d’enseignement individualisé et de cibler les problèmes spécifiques de chacun. Je me suis aperçue que les élèves apprécient cette attention et qu’ils font un effort pour réutiliser ce qu’ils ont appris au cours de l’enseignement individualisé. Finalement, cette tâche a permis de mettre en valeur les compétences de chacun du côté intellectuel, manuel et/ou artistique des élèves. Ils apprennent ainsi sans s’en rendre compte.